26 - Existe-t-il une concurrence entre chercheurs ?


André Tiran : Je crois qu'il n'y a pas de limite en recherche. Par nature la recherche refuse l'existence de la limite. Maintenant, un chercheur à titre personnel, à cause de son éthique, peut considérer qu'il décide d'arrêter sur un point. Mais je dirais, qu'est-ce qui est autorisé ou pas ? Quelque part c'est une question qui relève de la société, mais la société n'a pas nécessairement raison. Même sur ce point là, l'histoire est pleine d'interdits qui n'étaient pas justifiés. Donc, c'est une question qui est relativement difficile.

Olivier Klein : La principale limite à mon sens, ça devrait être une limite dans la société sur l'usage des choses ou pas... Parce que bon, on peut critiquer le clonage humain, mais le clonage ça peut avoir des utilités pour soigner un certain nombre de maladies, pour résoudre un certain nombre de problèmes du style : la faim dans le monde. Ce n’est pas mauvais en soi, ce qui est mauvais c'est l'usage qu'on en fait, et là, on est plus dans le domaine de la science.

Fanny Meunier : Dans mon domaine, c’est à dire plutôt dans l'aspect psychologie, il y a des domaines qu'on ne touche pas. Les différences hommes - femmes, c'est difficile à aborder. Les différences entre les races, c'est difficile à étudier, on ne sait pas comment ça va être réutilisé, et on en a conscience. Ce sont des choses qui apparaissent parfois dans des questions naïves. On ne veut pas y répondre parce qu’on ne peut pas savoir: comment ça va être utilisé, et comment ça va être interprété. Donc, il y a quand même des domaines délicats où individuellement on ne va pas trop voir : sur les différences anatomiques du cerveau par exemple, c'est assez délicat, parce que il y a un imaginaire social autour de ça qui est assez énorme et que dès que des données sortent, elles sont à la merci de manipulations politiques ou autres.